"Il faut que la peinture serve à autre chose qu'à la peinture", Henri Matisse.
Alain Zenthner
24 janvier 2017

Un ciel bleu d'outre-monde délie trois avions
au centre du jour filant le soleil volte-face
sur la place Saint-Etienne aveugle où l'hiver
chasse un comédien arlequin oublié qui récite
sans le savoir le manuscrit futile d'un raie
de lumière éclaté sur le fronton sombre
d'un ancien lycée de jeunes filles et laisse
le tiers du bleu gagnant découper trois mitrons
sur l'enfant au sac à dos qui rentre seul
à l'internat de la rue de la fosse aux chevaux
pour attendre avec son moniteur la fête de samedi


31 janvier 2017

Michel de Montaigne (1533–1592), ce moraliste du 16ème siècle, très au fait de la nature humaine, proposait déjà d’instaurer à son époque un test de sagesse plutôt que de savoir pour organiser la hiérarchie intellectuelle. Il se plaisait à penser que bien des gens peu instruits seraient alors jugés plus intelligents que les candidats traditionnels souvent surestimés (surtout par eux–mêmes au vu des salaires qu’ils s’attribuent dès qu’ils en ont la possiblité).

Cette nouvelle élite serait peut–être en mesure de brider la corruption intrinsèquement liée au système capitaliste néolibéral, les affaires Karachi, Bettencourt, Takieddine, Khadafi, Cahuzac, Fillon, etc. en France… KBC, Carolos, Kazakhgate, Publifin, etc. en Belgique n’étant que démonstrations sans cesse renouvelées.

Cette corruption ne fera que s’étendre car le système instauré s’ingénie à affaiblir les pouvoirs publics et les contre–pouvoirs par l’appauvrissement de la justice (du service du contrôle fiscal par exemple), la nomination des procureurs par le politique, les influences souterraines de la franc–maçonnerie, l'immunité du secret–défense, la persécution des lanceurs d’alerte, l’infiltration du lobbying au niveau des plus hautes instances, l’engagement d’armées de juristes dans le milieu entrepreneurial et politique… non pas pour se conformer aux lois mais bien plutôt pour les contourner.

Beaucoup d’élus évoluent à des niveaux de richesses scandaleux en regard du niveau de vie moyen de la population, du fait des «cadeaux» de puissances privées… qui veulent rendre les Etats totalement dépendants du système financier sous couvert d’un divertissement démocratique.

Il est curieux de constater que les moyens légaux sont beaucoup plus puissants pour réprimer les braquages de banque que la délinquance financière à l’intérieur de celles–ci, beaucoup plus étendue et préjudiciable pour la société… Ce sont ces groupes d’intérêts privés qui décident de pressurer la population et de mener des politiques d’austérité (pression au rendement, prolongement des carrières, blocage des salaires, augmentation des soins de santé, etc.)

L’heure est donc à la culture d’achat des actes et des consciences (effectivement pas très éloignée du système mafieux). On ne peut douter que ceux qui tiennent le pouvoir et en bénéficient ne le lâcheront jamais par eux–mêmes (confer les démissions aux forceps) et que le seul espoir est l’initiative citoyenne.

Les meilleurs politiciens ne seraient–ils pas après tout des gens qui n’ont aucun goût pour la politique, tremplin aguichant du pouvoir, de l’avoir et de la renommée ? Des gens proches d’une conception bénévole de la politique comme service rendu à la société dans laquelle ils vivent, des gens qui savent se satisfaire des bonheurs simples et distinguent les réels besoins du superflu, essence du néolibéralisme.


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