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Progressivement, le besoin de m’impliquer davantage dans l’actualité concrète du monde au travers la peinture s’accroît. La gageure est dès lors de lui conserver son caractère sensuel, poétique, spirituel, transcendant et questionnant… de ne pas laisser l’aspect conceptuel dominer l’expression, de ne pas la réduire à un vecteur d’idées et d’engagement.Faire de ma peinture une forme de journal du temps s’est imposé, ce qui explique l’appellation de cette série Signes du temps, du fait peut-être de ma propension persistante à être le plus possible à l’écoute du monde, de son évolution sous ses aspects les plus divers.Alors que cette implication naturelle se traduisait surtout par écrit (voir la rubrique Journal) depuis de nombreuses années, j’ai senti la nécessité de rapprocher ces deux moyens d’expression sinon de les complémenter, pour donner ainsi plus de force et d’unité à mon travail artistique.Un nouveau défi d’élaboration s’est donc profilé, après la spontanéité jubilatoire de la série intitulée Les origines, la représentativité suggestive de la série intitulée Les apparences, la conceptualisation métaphysique de la série intitulée L’invisible, il s’agissait pour celle-ci de recueillir des visions mentales sur un sujet choisi (s’imposant la plupart du temps de lui-même) qui traverse l’actualité de manière éphémère, persistante ou diffuse, et d’en faire un amalgame pictural imprégné de sensibilité personnelle.L’œuvre finale résulte donc d’une fusion de représentations captées dans les médias (souvenirs de reportages télévisuels, de photos dans les journaux ou magazines), d’expériences vécues personnellement, d’idées imagées que je me suis faites du sujet… Elle apparaît dès lors le plus souvent abstraite bien qu’y émergent parfois des reliquats concrets suggestifs d’une des manières dont le thème s’est présenté à moi.S’il vaut mieux de façon générale éviter de paraphraser la peinture, la laisser s’exprimer par ses seuls moyens, pour ne pas dévaluer sa spécificité unique — de liberté d’interprétation et de sensibilisation —, il m’est paru néanmoins plus enrichissant dans cette nouvelle manière de conception de révéler la genèse de l’œuvre par son titre.Après avoir produit son impact purement pictural, la prise de connaissance du titre peut rapporter l’œuvre à un rébus à résoudre, un rébus plus ou moins soluble qui devrait faire glisser sa réception chez le spectateur du domaine sensuel au domaine réflexif, selon son gré...Le supplément rationnel du titre élargit sans aucun doute le champ d’action de la peinture à un niveau d’entendement disponible chez l’être humain dont il serait dommageable de se passer. L’histoire de l’art confirme son importance sinon parfois son inséparabilité de l’œuvre. Il ne fait pas de doute que sans titres les œuvres de René Magritte ou de Paul Klee, par exemple, seraient lacunaires…Le tournant pictural amorcé ici est plutôt enthousiasmant, car il ajuste encore plus mon travail au rôle d’observateur de la société et du monde auquel je me sens attaché tout en abordant plus clairement une voie d’intervenant, aussi étroite soit-elle ; sa largeur ne dépendant que de l'accueil du spectateur…Cette nouvelle série me donne l’illusion que je ne me contente plus de jouer du violon sur le pont tandis que le navire prend l’eau (comme les musiciens de l’orchestre du Titanic) mais que je participe aussi, un tant soi peu, au colmatage des brèches...


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